RDC : Tensions croissantes dans l’Est malgré les pourparlers à Doha, les Léopards A’ en route vers le CHAN 2025

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Kinshasa, le 16 juillet 2025

Alors que les négociations de paix entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23/AFC battent leur plein à Doha, la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo se dégrade dangereusement. Sur fond de tensions militaires, le pays tente également de retrouver son souffle à travers le sport, avec la préparation intensive des Léopards A’ pour le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025.


L’optimisme suscité par la reprise du dialogue à Doha, entamé le 9 juillet sous la médiation américaine, se heurte à une réalité brutale sur le terrain. Dans un communiqué publié le 15 juillet, les Forces armées de la RDC (FARDC) ont dénoncé une série d’attaques coordonnées menées par la coalition M23/AFC appuyée, selon Kinshasa, par l’armée rwandaise (RDF).

Les territoires de Kalehe, Masisi et Kabare, dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, ont été le théâtre de violents affrontements, accompagnés de graves violations des droits humains. À Shoa (Masisi), les combats entre les rebelles et les forces d’autodéfense Wazalendo de l’Alliance Patriotique pour un Congo Libre et Souverain ont fait plusieurs victimes, civiles et militaires.

Malgré l’ouverture diplomatique, Kinshasa dénonce ce qu’elle considère comme une stratégie de double discours de la part du M23/AFC, qui poursuit ses offensives militaires tout en participant aux négociations de paix. « Il est inacceptable de prétendre vouloir la paix tout en perpétuant des actes de guerre », a déclaré un haut responsable sécuritaire sous couvert d’anonymat.


Les discussions à Doha, placées sous la supervision du secrétaire d’État américain Marcos Rubio, piétinent face à l’intransigeance du M23/AFC. Le mouvement rebelle exige notamment un contrôle exclusif des provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu pendant une période de huit ans — une proposition immédiatement rejetée par les États-Unis et d’autres partenaires de la médiation, la jugeant « irréaliste et contraire aux principes d’intégrité territoriale de la RDC ».

Cette demande radicale remet en cause les acquis de l’accord de paix signé à Washington le 27 juin dernier, et laisse planer le doute sur la volonté réelle du M23/AFC de s’inscrire dans une dynamique de désescalade durable.


Alors que la situation sécuritaire s’enlise, un autre front, plus pacifique, mobilise les énergies nationales : le sport. Le ministre des Sports, Didier Budimbu, en collaboration avec le sélectionneur Otis Ngoma, a dévoilé un plan d’urgence pour relancer la préparation des Léopards A’, en vue du CHAN 2025.

L’équipe locale entame un mini-stage à Kinshasa, avant de s’envoler pour un camp d’entraînement en Algérie, puis au Kenya, l’un des pays hôtes du tournoi, aux côtés de l’Ouganda et de la Tanzanie. Sur les 36 joueurs présélectionnés, seuls 26 seront retenus pour défendre les couleurs de la RDC, qui vise un troisième titre continental après ses sacres de 2009 et 2016.

« Nous avons une ambition claire : hisser à nouveau la RDC au sommet du football africain », a déclaré Otis Ngoma lors d’une conférence de presse tenue mardi à Kinshasa.


Ce contraste saisissant entre la brutalité du conflit à l’Est et la ferveur sportive en préparation du CHAN résume le paradoxe congolais : un pays meurtri, mais toujours debout, entre combat pour la souveraineté et quête d’unité nationale.

La RDC vit une semaine charnière, entre l’incertitude des négociations à Doha et l’espoir de redorer son image à travers ses Léopards. Une chose est sûre : le peuple congolais, résilient, continue de croire en des jours meilleurs.


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