Kinshasa, 12 juillet 2025
Les projecteurs sont braqués sur Doha, la capitale du Qatar, où se jouent depuis plusieurs jours des négociations sensibles entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le mouvement rebelle AFC/M23. Ces pourparlers, qui interviennent dans un contexte de tension persistante dans l’Est du pays, sont perçus comme une étape décisive vers une possible sortie de crise.
Les discussions de Doha s’inscrivent dans le prolongement de l’accord de paix signé le 27 juin dernier à Washington entre Kinshasa et Kigali, sous l’égide des États-Unis. Cet accord visait à poser les bases d’un dialogue régional pour désamorcer les tensions et amorcer une désescalade. Le Qatar, reconnu pour sa diplomatie discrète mais influente, s’est vu confier la mission de faciliter ce dialogue, en étroite collaboration avec les partenaires africains et américains.
La table des négociations regroupe deux camps aux revendications encore éloignées. Du côté rebelle, l’AFC/M23 est représenté par Benjamin Mbonimpa, souvent qualifié de “Premier ministre” de ce mouvement qui contrôle encore plusieurs localités stratégiques dans le Nord-Kivu. La délégation congolaise, elle, reste volontairement discrète sur les identités de ses membres, mais il est confirmé que certains ont déjà participé à la signature de l’accord de Washington.
Les tensions ne manquent pas. Le M23 pose comme condition préalable à tout accord la mise en œuvre de mesures de confiance, notamment un cessez-le-feu, la libération de certains prisonniers politiques et le retrait des forces armées congolaises de certaines zones contestées. En face, Kinshasa refuse toute concession préalable et réclame, comme condition non négociable, un cessez-le-feu immédiat et sans condition ainsi que le retrait des combattants rebelles des territoires qu’ils occupent illégalement.
Les discussions visent plusieurs objectifs majeurs : le désarmement progressif des groupes armés actifs dans l’Est de la RDC, la mise en place d’un mécanisme de sécurité conjoint pour surveiller le respect du cessez-le-feu, et surtout, une réconciliation politique et communautaire durable. Mais ces ambitions se heurtent à la réalité du terrain, où les violences persistent.
Un calendrier serré avant une rencontre présidentielle
Les négociateurs espèrent parvenir à un texte d’accord d’ici la fin de la semaine. Une échéance qui coïncide avec la prochaine réunion des chefs d’État prévue à Washington, au cours de laquelle les résultats de Doha seront examinés. Toutefois, l’intensification des combats dans les territoires de Rutshuru et Masisi compromet sérieusement les chances de voir ces discussions aboutir rapidement.
Alors que les populations de l’Est continuent de subir les conséquences du conflit, les regards se tournent vers Doha avec l’espoir qu’un accord concret mette enfin fin à une décennie d’instabilité. Si les engagements se matérialisent, ce serait une avancée historique. Sinon, ces négociations risquent de rejoindre la longue liste des tentatives infructueuses.
À l’heure actuelle, Doha reste un carrefour diplomatique stratégique. Mais entre volonté de paix et réalités militaires, l’issue de ces négociations demeure incertaine. Les prochains jours seront décisifs.