Doha : Kinshasa et l’AFC/M23 dans un face-à-face diplomatique décisif

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Doha, 13 juillet 2025

Un tournant majeur se joue actuellement dans la capitale qatarie, où s’est ouvert un nouveau round de négociations entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’opposition politico-militaire AFC/M23, dirigée par Corneille Nangaa. Ces discussions, tenues à huis clos, sont soutenues par une médiation internationale impliquant le Qatar, les États-Unis, l’Union africaine et le Togo.

Ce processus diplomatique intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors que les combats se poursuivent dans certaines zones de l’Est congolais, en dépit des engagements pris dans le cadre de l’accord de Washington signé le 27 juin dernier entre Kinshasa et Kigali. Ce dernier prévoit notamment un retrait progressif des troupes rwandaises présentes en territoire congolais.

La RDC, qui insiste sur la souveraineté et l’intégrité de son territoire, a renforcé sa délégation à Doha. Parmi les personnalités présentes figure désormais Jacquemain Shabani, conseiller du président Félix Tshisekedi, qui rejoint l’équipe de négociation pour contribuer à la coordination politique et à la défense de la position gouvernementale.

Du côté de l’AFC/M23, Corneille Nangaa conduit les discussions. Il revendique un dialogue direct avec Kinshasa et met en avant des revendications telles que la libération de prisonniers politiques, la levée de certains mandats d’arrêt, ainsi que la reconnaissance de zones administrées par son mouvement.

Ces pourparlers sont facilités par le Qatar, qui agit en médiateur principal. Le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M23 — ce que Kigali dément fermement — est représenté à Doha par son ministre des Affaires étrangères, Vincent Biruta. Les États-Unis, très engagés dans la résolution du conflit, ont envoyé des diplomates de haut niveau. L’Union africaine et le Togo complètent le dispositif diplomatique.

Ce format multipartite vise à créer un climat de confiance et à encadrer les engagements de chaque partie pour éviter les échecs des précédents processus de paix.

Les discussions restent marquées par des divergences fondamentales. Le gouvernement congolais exige un cessez-le-feu immédiat et le retrait des rebelles de toutes les localités occupées, tandis que l’AFC/M23 réclame des garanties avant toute désescalade, notamment la fin des opérations militaires contre ses positions et des mesures de réintégration de ses membres.

Selon plusieurs sources diplomatiques, le Qatar a présenté un projet de protocole d’accord incluant des mesures concrètes de désengagement, de démobilisation, ainsi que des garanties de sécurité pour les populations civiles.

La communauté internationale, notamment les États-Unis, pousse pour une avancée rapide avant la fin du mois de juillet. Washington considère cette crise comme un facteur de déstabilisation régionale, avec des répercussions sur l’exploitation des ressources stratégiques et la sécurité des pays voisins.

Le succès de ce dialogue est également vu comme une condition essentielle à la mise en œuvre effective des engagements pris dans le cadre de l’accord bilatéral entre Kinshasa et Kigali, et comme une étape clé vers une paix durable dans la région des Grands Lacs.

Si les parties semblent disposées à poursuivre les discussions, le chemin vers un accord définitif demeure semé d’embûches. Le manque de confiance, l’ampleur des revendications et la complexité des alliances sur le terrain rendent toute avancée fragile.

Toutefois, le fait que les deux camps soient réunis à Doha, autour d’une même table et sous supervision internationale, est en soi un signal positif. L’évolution de ces pourparlers dans les jours à venir sera scrutée de près, tant par les acteurs régionaux que par les observateurs internationaux.


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