AFC-M23 : Huit exigences posées à Kinshasa dans le cadre des négociations de Doha
Goma, 3 juillet 2025
Lors d’un point de presse tenu ce mercredi dans la ville de Goma, les responsables du mouvement armé Alliance du Fleuve Congo – M23 (AFC-M23) ont dévoilé une série de conditions qu’ils présentent comme essentielles à l’avancement des discussions de paix en cours au Qatar.
Ces revendications, selon les porte-paroles du mouvement, visent à restaurer un climat de confiance et à renforcer la crédibilité du processus engagé à Doha. Ils affirment avoir déjà pris plusieurs initiatives de « bonne foi » pour encourager le dialogue, et estiment désormais que la balle est dans le camp du gouvernement congolais.
Les principales exigences du mouvement
Au total, huit revendications majeures ont été présentées :
- Annulation d’une loi jugée bloquante : L’AFC-M23 souhaite que soit levée une loi adoptée par le Parlement congolais, qui interdit formellement toute négociation avec leur mouvement. À leurs yeux, cette mesure rendrait tout accord issu de Doha juridiquement caduc.
- Fin des poursuites judiciaires : Le groupe rebelle réclame l’annulation des mandats d’arrêt émis contre ses responsables, ainsi que l’abandon des procédures en cours les visant.
- Libération de personnes arrêtées : Il demande la libération immédiate des individus arrêtés en raison de leurs liens — réels ou présumés — avec le mouvement.
- Réouverture des banques dans les zones sous leur contrôle : Selon l’AFC-M23, les services bancaires ont été suspendus dans les territoires qu’ils occupent, pénalisant la population locale. Ils exigent la reprise de ces services.
- Lutte contre les discours discriminatoires : Le mouvement appelle à la fin de la stigmatisation des Congolais d’expression rwandophone, qu’il juge régulièrement visés dans les discours politiques et médiatiques.
- Reconnaissance officielle des pourparlers de Doha : L’AFC-M23 demande au président Félix Tshisekedi de reconnaître publiquement le processus en cours au Qatar et d’y envoyer des représentants bénéficiant d’un mandat formel de l’État.
- Garantie de la liberté de circulation : Le groupe insiste sur la nécessité de mettre fin aux discriminations administratives et aux violences ciblant certains citoyens congolais, notamment à Kinshasa.
- Application du cessez-le-feu : Enfin, il plaide pour un strict respect de la trêve, condition indispensable à la poursuite des discussions.
Ces conditions surviennent alors que la méfiance demeure forte entre Kinshasa et le mouvement armé. Les autorités congolaises accusent régulièrement le Rwanda de soutenir militairement l’AFC-M23 — une accusation que Kigali rejette, mais que plusieurs experts de l’ONU ont déjà corroborée dans des rapports récents.
Malgré la poursuite sporadique des affrontements dans certaines zones du Nord-Kivu, le processus de Doha reste, pour l’heure, l’une des rares pistes diplomatiques envisagées pour une sortie de crise. À ce jour, le gouvernement congolais n’a pas encore officiellement réagi à la publication de ces exigences.
La suite du processus dépendra de la capacité des deux parties à dépasser les blocages actuels et à s’engager dans un dialogue inclusif, susceptible de répondre aux préoccupations des communautés affectées par ce conflit prolongé.
Emanuel Lumoo Jacques
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