Lubumbashi, 5 juillet 2025
Un événement à la fois insolite et révélateur des tensions entre traditions religieuses et obligations civiles a récemment secoué la mairie de Lubumbashi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo.
Lors d’une cérémonie de mariage civil tenue cette semaine, un couple appartenant à la communauté dite des « Frères du Message » a catégoriquement refusé de s’embrasser devant l’officier de l’état civil, comme le veut la coutume à la fin de la célébration. Leur justification : selon leur foi, il est interdit de poser un tel geste tant que la bénédiction nuptiale à l’église n’a pas été donnée.
Ce refus a provoqué l’indignation de l’agent de l’état civil, visiblement irrité par ce qu’il a perçu comme un manque de respect au protocole civil. Devant les témoins et invités médusés, il a décidé de suspendre la procédure et d’expulser le couple de la salle des mariages, déclarant que sans le fameux « baiser des mariés », l’union ne pouvait être validée.
La scène a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, alimentant débats et interrogations sur la liberté de conscience, les pratiques religieuses et les exigences de l’état civil en RDC.
Malgré cette interruption inattendue, la situation s’est dénouée dans le calme quelques heures plus tard. Après des discussions entre les responsables de la mairie, les familles concernées et peut-être quelques appels à l’apaisement, le couple a été rappelé pour finaliser leur union civile – sans avoir à s’embrasser cette fois.
Cet incident pose une question importante : jusqu’où les institutions civiles doivent-elles s’adapter aux croyances religieuses des citoyens ? Et inversement, les fidèles peuvent-ils refuser certaines pratiques civiles au nom de leur foi ?
Les « Frères du Message », un mouvement religieux présent en RDC et inspiré des enseignements du prédicateur américain William Branham, prônent des valeurs strictes en matière de pudeur et de conduite spirituelle. Pour ses adeptes, chaque étape du mariage suit un ordre bien défini, et la cérémonie religieuse a plus de poids que le cadre administratif.
Bien que l’affaire soit désormais close et le mariage officiellement enregistré, elle laisse derrière elle un débat qui ne fait que commencer. Entre respect des croyances et respect des institutions, la ligne est parfois fine. Mais une chose est sûre : ce mariage restera longtemps dans les mémoires des témoins, de la mairie de Lubumbashi… et des internautes congolais.