RDC – AFC/M23 : Tensions internes, retour de Kabila et possible nomination de Laurent Nkunda, selon un rapport de l’ONU
Jeudi 3 juillet 2025 – 06:57 | Sécurité |
Malgré ses avancées militaires dans l’Est de la République Démocratique du Congo, le mouvement rebelle Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) traverse une période de vives tensions internes. Un rapport confidentiel du groupe d’experts de l’ONU, consulté par ACTUALITE.CD, révèle que certaines nominations au sein de la rébellion ainsi que l’annonce du retour de l’ancien président Joseph Kabila ont contribué à alimenter des dissensions profondes dans les rangs du mouvement.
Le document, couvrant les enquêtes menées jusqu’au 20 avril 2025, souligne que ces tensions ont ravivé les clivages historiques entre factions rwandaises et ougandaises, menaçant la cohésion du groupe. Pour y remédier, Kigali envisagerait la nomination de Laurent Nkunda, ex-chef rebelle et figure controversée sous sanctions internationales, à un poste stratégique au sein de l’AFC/M23.
« Des tensions internes sont apparues au sein de l’AFC/M23, exacerbées par des nominations contestées et par l’annonce controversée du retour de Joseph Kabila dans l’Est de la RDC. Le gouvernement rwandais aurait prévu de nommer Laurent Nkunda à un poste important pour restaurer la cohésion », indique le rapport.
Le rapport des Nations Unies pointe également l’évolution des alliances politiques et militaires autour de l’AFC/M23. Bien que Joseph Kabila, Moïse Katumbi et John Numbi ne se soient pas officiellement ralliés à la rébellion, ils auraient maintenu des contacts réguliers avec Corneille Nangaa, leader politique de l’AFC, mais aussi avec Kigali et Kampala.
Des groupes armés locaux, notamment certains ex-Wazalendo, auraient rejoint les rangs de l’AFC/M23 dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, motivés par l’avancée rapide des forces rebelles sur le terrain. Ces ralliements renforcent le poids militaire du mouvement et accroissent son influence sur l’échiquier politique congolais.
Le rapport ne manque pas de critiquer la performance de l’armée congolaise. Les Forces armées de la RDC (FARDC) ont enregistré des pertes importantes, des défections, et ont échoué à défendre plusieurs capitales provinciales face aux offensives de l’AFC/M23. Cette situation met en lumière les failles structurelles de l’armée congolaise, affectant sa crédibilité et sa capacité à protéger le territoire national.
« L’incapacité des FARDC à sécuriser les capitales provinciales, conjuguée aux pertes massives, démontre une fragilité persistante au sein de l’appareil militaire congolais », souligne le rapport.
L’AFC/M23 n’est autre que l’héritier direct du Mouvement du 23 mars (M23), actif au début des années 2010 dans le Nord-Kivu. Ce dernier était composé majoritairement d’ex-rebelles tutsis issus du CNDP, intégrés auparavant aux FARDC. En 2012, ils s’étaient rebellés, accusant le gouvernement de ne pas respecter les accords de paix signés en 2009. Après une période de retrait, le groupe est réapparu en 2021, deux ans après l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir.
Aujourd’hui, l’AFC/M23, avec l’appui supposé du Rwanda, contrôle une grande partie des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Bien que des initiatives diplomatiques aient été lancées, notamment avec l’accord de Washington entre Kigali et Kinshasa, les efforts de paix n’ont pas encore permis de désamorcer la crise.
L’annonce du retour de Joseph Kabila à Goma, sous contrôle de la rébellion, alimente les spéculations sur une possible recomposition du paysage politique congolais à travers des alliances inattendues. La désignation envisagée de Laurent Nkunda, figure emblématique des conflits passés, témoigne d’une volonté de Kigali de restaurer une certaine discipline dans un mouvement en pleine expansion mais également fragilisé par ses propres divisions internes.
Dans ce climat incertain, l’avenir de l’Est congolais reste suspendu entre avancées militaires, jeux d’alliances politiques et tentatives de négociation diplomatique.
Josué Mukandirwa
Laisser un commentaire