30 ans de guerre : la fin a-t-elle enfin sonné ?
Vers une paix durable à l’Est de la RDC ? L’accord historique RDC-Rwanda sous la médiation de Trump soulève espoirs et doutes
Depuis plus de trente ans, l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est ravagé par des conflits armés, des attaques de groupes rebelles, et des ingérences de pays voisins, notamment le Rwanda. Ce cycle de violence, entamé après le génocide rwandais de 1994, a causé la mort de plusieurs millions de personnes et le déplacement de millions d’autres, dans une crise humanitaire parmi les plus graves du XXIe siècle.
Aujourd’hui, un nouvel épisode s’ouvre. Ce vendredi 27 juin 2025 à Washington, un accord de paix est sur le point d’être signé entre la RDC et le Rwanda. À l’origine de cette initiative inattendue : l’ancien président américain Donald Trump, qui affirme avoir orchestré cette avancée diplomatique majeure. Selon lui, l’intervention des États-Unis aurait permis de rapprocher les deux pays ennemis et de mettre fin au soutien présumé du Rwanda aux rebelles de l’AFC/M23, comme l’indiquent plusieurs rapports onusiens.
Le M23, groupe armé majoritairement composé de Tutsis congolais, continue pourtant d’occuper plusieurs zones stratégiques dans la province du Nord-Kivu. Malgré les efforts militaires de Kinshasa et le soutien de la mission de l’ONU (la MONUSCO) et des forces régionales africaines, le conflit restait, jusqu’à ce jour, dans une impasse. La signature de cet accord pourrait donc marquer un tournant historique, à condition qu’il soit suivi d’effets concrets sur le terrain.
Mais cet optimisme est nuancé par de nombreuses voix. Certains analystes craignent que cette paix ne soit qu’une vitrine diplomatique, motivée par des intérêts géopolitiques. En pleine campagne pour les élections américaines de 2026, Donald Trump chercherait à se repositionner sur la scène internationale avec un coup d’éclat diplomatique. Pour d’autres, l’accord ne traite pas en profondeur des causes structurelles du conflit : exploitation illégale des ressources, marginalisation des populations locales, et absence d’un véritable État de droit dans la région.
Sur le terrain, la population reste prudente. Si la signature du traité suscite l’espoir d’une amélioration des conditions de vie et d’un retour des déplacés dans leurs villages, nombreux sont ceux qui craignent une simple pause dans la violence. « On a déjà vu des accords de paix être signés et aussitôt violés », rappelle un habitant de Goma, sceptique quant à la sincérité des acteurs impliqués.
Le monde observe donc avec attention cette tentative de pacification. Sera-t-elle le début d’un réel changement ou une nouvelle manœuvre sans lendemain ? Une chose est certaine : la paix ne se décrète pas à Washington, elle se construit sur le terrain, avec la volonté et l’engagement sincère de toutes les parties concernées.
— Abudu Yawolo
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